J’ai décidé de commencer à écrire mes mémoires pour toi, lecteur. Si tu lis ceci, c’est que tu dois être mon successeur, et que par conséquent, je suis mort. Tu auras besoin de ce livre afin de continuer mon travail, s’il n’est pas terminé. A l'intérieur, je mettrais tout ce qu’il se passe, comment réussir, comment tu pourras les vaincre. Mais tu ne sais encore rien sur eux. On t’a sûrement attribué cette place sans te dire ce qu’il te fallait faire. Reprenons donc depuis le début.

Je suis la personne qui a récréé l’Inquisition en Europe. J’étais un simple évêque à la tête d'un édifice religieux, mais je ne comprenais pas. Je trouvais que Dieu n’avait rien fait de grand pour moi. Certes, il m’avait aidé à monter les grades très rapidement, mais il n’y avait pas grand-chose à faire. Je m’ennuyais, bien qu'étant certain que la vie n’était pas aussi simple et gentille qu’on la percevait. Dieu avait de grands projets pour moi. Je ne les avais simplement pas encore vus. Un soir, après l’avoir prié de m’envoyer un signe pour me montrer le chemin, un calice fut perdu. Je restais tard le soir, seul, afin de retrouver cette pièce unique. C’est alors qu'une jeune femme entra dans la cathédrale. Jamais je ne sus comment elle avait fait pour ouvrir la porte verrouillée. Je pense maintenant que son pouvoir le lui a permis. Elle s’écroula sur le sol, provoquant un grand écho dans cette bâtisse vide. Je la regardai, interdit. Elle semblait à bout de force et saignait abondamment. Je ne compris pas pourquoi elle était venue ici plutôt qu’à l’hôpital. J’approchai d’elle, brisant le silence de la nuit. Son épaule était transpercée de toutes parts et son ventre ouvert. Ses jambes nues possédaient des marques rouges sans qu’il n’y ait pour autant de blessures physiques. Je ne compris qu'après qu’elle faisait une hémorragie. Respirant à peine, elle leva les yeux sur moi. Jamais je n’avais vu des yeux aussi purs et bienveillants. Elle me sourit en me voyant m’accroupir. Elle savait qu’elle finirait sa vie ici, mais elle souriait. Avec un dernier élan de force, elle tendit le bras et me prit la main. Je la saisis et sentis la chaleur qui en émanait ainsi que sa force. Cette femme était pleine de volonté et de pouvoir. Dans son dernier souffle, toujours souriante, elle murmura : « Personne ne doit savoir. » Ce fut sa dernière volonté. Ses yeux ne brillèrent plus, son sourire se figea et sa main me lâcha. Elle glissa et retomba sur le sol en un écho qui me fit trembler.  

Sortant de ma torpeur, je me rendis compte que des larmes coulaient de mes yeux. Portant la main à mon visage pour les essuyer, je sentis quelque chose entre mes doigts qui tenaient encore ceux de la jeune femme. Je ne l’avais pas sentie mettre quelque chose dedans. Je regardai donc et découvris un petit objet en argent. C’était une bague sur laquelle était écrit « Himiko ». Je voulu la passer à mon doigt, mais elle me brûla si fort que je l’enlevais immédiatement. Je compris que quelque part, la bague était liée à ce qui était arrivée à l'inconnue. Curieux, je fouillai rapidement le corps à la recherche d'autres indices. Dans son téléphone, je notai un numéro appelé plusieurs fois. Je gardai l’objet dans un coin de ma poche avec la bague. Je sortis avec le corps, en pleine nuit, et l'emmenai dans le cimetière afin de lui creuser une tombe et prier pour elle.

Quelques jours plus tard, je me résolus enfin à appeler ce numéro. J’étais convaincu que cette jeune femme n’était pas venue à moi par hasard et que la perte du calice était liée. Le numéro se révéla bon et réveilla une personne du nom de Takashiro Giou. Je lui expliquai de quelle manière une prénommée Himiko, s’était éteinte chez moi. Il eut un long silence suivi d’une forte respiration. Takashiro me demanda ensuite pourquoi je l'avais appelé. Que ce n’était pas la seule raison. Je lui fis part de ma curiosité et il me raconta son histoire.

Il m’expliqua d’abord que notre monde était envahi de Duras, des démons pourvus de pouvoir magiques et capables de se battre avec des armes. Je ne pouvais pas le croire. Comment pouvait-on ne pas voir ces créatures parmi nos rangs ? Sa famille, où ce qu'il nommait son clan, combattait les Duras depuis des millénaires. D’abord composé de quatre personnes, quatre saints en l'occurrence: Ario, Yomi, Reiga et lui-même ; son clan gouvernait les Zweilts. Il ne restait maintenant que lui. En effet, alors qu’il était en mission, Reiga détruit le village et tua tout le monde. Yomi compris. Ario fut porté disparu. Il su ensuite que Reiga était le fils d’un démon et d’une humaine. Il expliqua aussi qu’il était un Nécromancien, autrement dit qu’il utilisait des livres afin de lancer des sorts. C’est grâce à cela qu’il pouvait réincarner les Zweilts à chaque fois qu'un d'eux décédait. Et qu’il pouvait contrôler le Duras qui se trouvait à l’intérieure de son corps. Ainsi, Takashiro était le gardien de la mémoire (car il ne vieillit pas et se régénère sans cesse grâce au Duras) et gardien des Zweilts au Japon. Que de révélations pour moi, moi qui était convaincu que le monde n’était pas si simple et heureux. J’étais content de savoir tout ça, mais il me fallait encore plus en apprendre, alors je le questionnais sur les Zweilts. Il me révéla que les Zweilts étaient des combattants au service de Dieu. C’étaient les seuls capables de tuer les Duras. Le bague qu’ils portaient leur permettait d’invoquer leurs armes et leur générait un pouvoir. Tous les Zweilts ne connaissaient pas leur condition et certains n’avaient pas de pouvoir. Généralement, on naissait Zweilts mais Takashiro connu quelqu’un qui était devenue Zweilt au cours de sa vie. C’était un long travail de plusieurs années et de persévérance. Devenir Zweilt n’était pas donné à tout le monde.


C’est avec ce peu de connaissance que je me mis à la recherche de Zweilts et que je commençai mon entreprise de destruction des Duras. Takashiro ne souhaita pas me donner plus de détails et j’évitai au maximum de le contacter. Il était persuadé que son histoire était la sienne donc la seule, et qu'il ne pouvait en exister d'autres. Mais je lui ai prouvé que les Duras existaient partout dans le monde et que mon récit était vrai. Nos relations n'étaient pas vraiment amicales. Je trouvai un exemplaire de la clé de Solomon, qui est le livre de Nécromancien par excellence. Reiga ou les Nécromanciens des ténèbres, possèdent la clé de Raziel. Les clés sont des livres très anciens permettant de réaliser des sorts importants. Je n’ai jamais réussi à contrôler aucun sort mais certains élèves de notre école sont en bonne voie. Le plus grand sort du livre est l’invocation de Duras, un sort qu’il faut utiliser avec beaucoup de prudence. J’ai aussi découvert qu’il y avait trois types de Duras que les Zweilts appellent communément : Niedertrech, Midwirn et Opast. Les Niedertrech sont les moins faibles, les moins évolués. Ils sont invisibles pour les humains et ont la forme d’animaux dans les tons de violet/noir. Ils sont contrôlés par les Opasts généralement.  Les Midwirns sont des Duras plus évolués ayant une forme quasiment humaine mais certains traits les en différencient. Ils sont capables de prendre possession du corps humain. Les Opasts sont les généraux des Duras. Ils peuvent prendre une forme humaine parfaite, peuvent utiliser des incantations, possèdent des familiers et ont de puissants pouvoirs comme les jets de lumière. La plupart d'entre eux possèdent des armes magiques qui apparaissent et disparaissent dans leurs mains. Certains vampires sont comparés à des Opasts idiots. J’ai donc réuni quelques Zweilts qui m’ont mis au courant des pouvoirs qu’ils possédaient. Ils les mettaient en relation avec Dieu, comme des dons. Les plus connus sont les Oreilles, les Yeux et la Voix de Dieu. Le plus puissant et rare est la Lumière de Dieu. Seul le clan Giou possède une Lumière de Dieu. Cela faisant, je commençai à les loger au Vatican, le Pape m’ayant permis de vivre là-bas lorsqu’il eut vent de l’affaire qui se tramait.

C’est ainsi, qu’à Rome, en Italie, l’Inquisition se réveilla. L’Inquisition avait toujours été un tribunal pour ceux n’ayant pas la foi et suivant des pratiques hérétiques. L’Inquisition avait le droit de juger et de punir. Ce fut cette idée que je repris. Nous allions pourchasser les Duras et faire renaître la foi dans le monde. Savoir que l’Inquisition revenait, donnait du pouvoir à l’Eglise et à l’Italie. Cela sortait l’Inquisition du passé pour la faire revenir sur Terre et remettait le christianisme dans toutes les bouches, ainsi que d'actualité. Bien sûr, la plupart des gens ne savaient même pas pourquoi nous étions revenus, mais tant que nous ne touchions pas aux athées, ils nous laissaient tranquilles. Certains disaient que c’était afin d’éradiquer les Musulmans. J’avais d’abord pensé prévenir les gens, je trouvais ça triste que personne ne sache ce qu’il se passait près d’eux. Ils étaient ignorants et naïfs. Mais Mr Giou me l’interdit. Il me demanda ce que d’après moi, cela impliquerait si je révélais à une population entière qu’elle était au bord de la destruction et que leurs amis pouvaient bien être des Duras. Ne penserait-elle pas que le temps du jugement dernier était arrivé ? J’y réfléchi longuement avant de comprendre qu’il avait raison. Je ne pouvais pas leur enlever leur ignorance et les sortir de leur vie heureuse et paisible. Ce fut ainsi que le Vatican fut fermé au public, exceptée la cathédrale, prétextant la rénovation de l'état.

Voici le prologue de mon combat pour éradiquer le mal. Cela peut te sembler étrange pour le moment, mais ne t’inquiètes pas, un jour tu seras capable de faire tes propres choix et de suivre mes pas. Les Zweilts te guideront lorsque tu n’emprunteras pas le bon chemin et mes mémoires ne sont pas terminées. Dans les prochaines pages, tu trouveras nos missions ainsi que les événements que nous avons vécus, et tu pourras en tirer des leçons que moi-même, je n'ai pas réussi à comprendre. Courage. Dieu veille sur toi. Sur nous.